Histoires d’entraîneurs
Un changement d’entraîneur n’est jamais anodin dans la vie souvent mouvementé d’un club sportif.
Notre discipline, le hockey sur glace, ne déroge pas à cette réalité. Cela peut même conduire à des situations assez dramatiques que les associations parviennent généralement à relever avec la motivation de tous.
Dès l’ouverture de la patinoire en cours d’hiver 1972 -voire probablement avant même le début des travaux- il y avait l’intention de pratiquer les 3 grands sports de glace reconnus : le patinage artistique, le hockey et le patinage de vitesse. Pour cette dernière, elle ne sera guère pratiquée plus de 5 années avant de disparaître faute de réelle motivation. A la place, apparaîtra rapidement une section de danse sur glace séparée de la tutelle de l’artistique.
En ces débuts héroïques, ces 3 sections étaient toutes rattachées à un même club : le Club des Sports Clermontois, déjà pluridisciplinaire et plutôt spécialisé dans les sports nautiques et d’hiver.
La création de cette patinoire était l’œuvre d’un privé, M.Boudou, par ailleurs déjà propriétaire du premier bowling clermontois. Cette précision a son importance pour les évènements futurs. Le Club des Sports Clermontois devait donc lui louer la glace.
Vers mars-avril 1972, ce fut le hockey qui eut droit en premier à un entraineur en la personne de Jean-Marie Nourry. (l’artistique devra attendre la rentrée de septembre pour avoir son entraineur attitrée et en attendant doit faire mauvaise fortune bon cœur avec les cours d’un Jean Marie Nourry improvisé professeur d’artistique intérimaire.)
Très impliqué, il eut à cœur de donner tout de suite les bonnes bases à un groupe de jeunes adultes motivés, complété d’un suisse, Freddy Heussi, à la quarantaine alerte et une réelle expérience de gardien de son helvétie natale ainsi que d’un joueur français aguerri, Alain Chavigné.
Il porta aussi beaucoup d’attention à la formation d’une école de hockey pour les plus jeunes, dès 4-5 ans. On peut dire qu’il a fait du bon boulot avec le soutien amical de l’emblématique entraîneur de l’équipe de France, Pete Laliberté, une figure mythique de l’histoire du hockey français.
Son travail assidu lui permettra d’inscrire pour la première fois une équipe sénior en compétition officielle dès la saison 1972/1973. Dure expérience mais loin d’être sans victoires, le club fut rattaché pour cette première saison à la ligue Rhône-Alpes. Ce championnat de 2ème série (la D3, telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existait pas ; il y avait alors beaucoup moins de clubs) étant peu étoffé, la saison fut complétée par de nombreux matchs amicaux.
La saison suivante l’équipe première, nettement plus aguerrie, se lancera en 2ème série dans une ligue moins relevée, celle du Sud-Ouest. (A noter que le hockey clermontois se verra pendant une bonne décennie rattaché à cette ligue pour la quitter et revenir définitivement dans celle de Rhône-Alpes.) Ce fut l’année d’un premier titre qui n’est plus décerné de nos jours me semble-t-il : « Champion de la ligue du Sud-Ouest » face à Anglet. Cela vaudra au club clermontois les honneurs d’un quart de finale face aux Français Volants, club mythique s’il en est, mais qui était alors un peu dans le creux de la vague.
Le championnat s’arrêtera là mais Jean-Marie Nourry pouvait être fier du travail accompli et d’avoir conquis un public non négligeable pour une toute nouvelle discipline. Enfin, il pouvait aussi être fier des jeunes pousses que lui et Freddy Heussi couvaient activement. Il y avait là déjà des jeunes gamins très prometteurs.
Hélas, il ne verra pas se concrétiser le fruit de son travail par un premier titre national en hockey mineur conquis par les poussins (U10 ?) lors de la saison suivante.
L’affaire éclata en début d’année 1975. Jean-Marie Nourry, outre son poste d’entraîneur, donnait aussi des cours de patinage à des particuliers lors des séances générales et affutait aussi les patins de particuliers sur l’affûteuse appartenant à la patinoire de M. Boudou. Ces activités étaient rétribuées mais bien sûr déclarées à la direction auprès de laquelle il reversait un certain pourcentage ou recevait une commission.
Lorsque le propriétaire de la patinoire s’aperçut que Jean-Marie était loin de tout déclarer, la direction bannit l’entraineur de la patinoire, lui interdisant formellement d’y remettre les pieds. Bel embarras pour le club qui avait bien sûr besoin d’un entraîneur !
Peut-être ai-je un peu simplifié les circonstances mais lors des faits je n’avais guère plus de 15 ans et me trouvais loin du cœur des débats (merci d’avance à tous les anciens qui pourront m’en dire davantage).
Quoiqu’il en soit très vite, il y eut deux clans : ceux soutenant M.Nourry et ceux, plus pragmatiques – mais avaient-ils le choix… ? – se pliant aux exigences de M.Boudou.
Cela conduisit les dissidents à créer une nouvelle section hockey rattachée au prestigieux C.U.C. (le Club Universitaire auquel étaient rattaché les « Demoiselles de Clermont » multi championnes de France de basket). Ils essayèrent de le faire avec Jean-Marie Nourry comme entraîneur mais l’intransigeance de M. Boudou ne permettra pas à ces derniers de le garder. (Cette section du CUC perdurera quelques années jusqu’à ce que, dans un premier temps, les 2 équipes s’associent pour le championnat avant de fusionner complètement dans les années 80.)
L’équipe première, si bien partie, bafouillera complètement sa saison. L’entraîneur provisoire, Gérard Faucomprez, malgré une présence hebdomadaire loin d’être à temps plein, plus le coup de main épisodique de Pete Laliberté et surtout l’engagement de Freddy et quelques séniors, permirent aux jeunes poussins de non seulement accéder à la finale du championnat de France, mais de battre l’équipe de Megève où figurait un certain Philippe Bozon.
Ce titre, qui d’ailleurs n’existe plus, mettra du baume au cœur et amena les nouveaux dirigeants à choisir le premier entraîneur étranger au club pour la saison suivante. Ce sera en fait un duo d’entraîneurs canadiens, Steven Kellogg’s (entraîneur officiel) et Dennis Brown (le joueur étranger officiel autorisé à jouer en championnat selon les règles de l’époque -1 seul étranger- qui seront en vigueurs jusque dans les années 90).Ils ne resteront qu’une saison mais feront monter le club en National B.
Mais ceci est une autre histoire ; et plus encore l’intersaison1976/1977 qui fut des plus épiques faisant passer celles des dernières années comme de longs fleuves tranquilles…
Equipe 1ère avec J. M. Nourry debout complètement à gauche près du président,M. Dutordoir.
La photo précédente est l’équipe Une de la saison 73/74, voici de la même saison, les gamins dont les plus petits que l’on voit assis + ceux debout au centre près de Nourry qui seront champions de France poussins 1 an plus tard (alors certes il y a qlqs absents sur la photos).
Patrick POITRINEAU